Faster Than Light
Secteur 1 (Première partie)
C'est fou comme l'affichage sous forme de hologrammes au niveau de mon poignet me facilite la vie.
Enfin, quelques fois, je souhaiterais simplement avoir un bon vieil écran plaqué contre un mur. Au moins, ma nuque ne se vengerait plus. 27 Janvier, 125 A.-R.
Journal de bord de Travis Stark, capitaine de l'intercepteur FSV Renardeau
Quand le Conseil de la Fédération nous a dit que l'Alliance Rebelle s'était faite beaucoup trop discrète depuis quelques temps, beaucoup se sont contentés de dire que c'était bien comme ça. J'étais de ceux-là.
Au final, quoi qu'on ait pu dire à ce moment précis, le Conseil n'a pas pris la peine de prendre en compte nos considérations et nos doléances. Les vaisseaux les plus rapides ont été envoyés aux confins des secteurs contrôlés par notre bonne vieille Fédération, histoire de voir si des rebelles ne se cacheraient pas par là-bas. La Bordure.
J'y suis donc parti, avec une bonne cinquantaine d'autres vaisseaux. La bonne nouvelle, c'est que je gardais le Renardeau, le vaisseau avec lequel j'ai l'habitude de naviguer. La "mauvaise", c'est que l'on m'a assigné un équipage bien particulier. Et particulièrement caractériel, je dois l'avouer. Enfin, je suppose que c'est plutôt normal, au vu du changement de capitaine. Somme toute, je me suis retrouvé avec trois nouveaux atouts qui n'avaient pour nom qu'un diminutif ou pseudonyme. Ou bien souhaitaient-ils simplement ne pas s'attacher à leur nouveau capitaine, ce qui m'allait tout autant.
"Le Conseil voudrait qu'on se batte avec ça ? Avec un gros tas de ferrailles ?! Et vous avez des armes à bord, au moins ?"
Mereck à son capitaine, lors de son arrivée à bord. Ainsi donc, entre une pilote aux réflexes éclair répondant au nom d'Héva, un mécanicien (au lourd passé de bidouilleur) appelé Etrigane, et un artilleur nommé Mereck spécialisé dans l'artillerie lourde... Autant le préciser tout de suite, l'aller simple vers l'enfer, ça s'appliquait à tout vaisseau hostile croisant notre chemin.
Jusqu'à maintenant, la rédaction de ce journal, c'était la dernière chose que je faisais avant de clore la "journée". Après ce que nous avons vu dans le secteur Willis, c'est probablement la seule chose qui me donne le courage de continuer. Non pas pour moi, ni pour les administrateurs de la Fédération qui liront ceci à la manière dont on lit les rapports lors des retours au bercail des vaisseaux. Si nous survivons à tout ceci, j'en ferai une copie, la donnerai aux archivistes, et publierai l'original.
La population mérite de savoir ce qu'il s'est passé. Elle mérite de comprendre pourquoi et comment la Fédération en est venue à laisser les rebelles se répandre comme une trainée de poudre à travers toute la galaxie.
Même l'équipage à bord n'y croyait pas. Et je n'y croyais pas non plus. Mais nous l'avons vu décimer presque l'entièreté de la quatre-vingt-unième flotte de reconnaissance. Le vaisseau capital rebelle. Les rumeurs disaient vrai, et le Conseil a fermé les yeux.
On a eu de la chance. Nous avions pu nous camoufler, rester caché aux yeux de tous. Au nez des rebelles. Enfin, de la chance... Jusqu'à ce que le module rende l'âme quand Mereck a renversé son café alors qu'il allait filer un coup de main à son collègue Etrigane, afin que nous puissions fuir la zone dès que possible.
Bon, le point positif, c'est qu'on a fui. Le mauvais, c'est que nous avons la flotte rebelle, dans son intégralité, derrière nous.
Pour nous détruire avant que nous n'alertions le Conseil, d'une part. Et pour annexer tout ce qui composait les secteurs sous contrôle de la Fédération.
Si je croyais en un dieu quelconque, je crois que je me serais mis à prier pour notre salut. À la place, je prie Etrigane pour que nos moteurs FTL ne lâchent pas pendant le voyage.